Les Quintuplées Dionne
Anniversaire
Funérailles
Melons
Ombres
Communion
2009, Hand-painted digital c-prints, 30×20
Their birth was considered a miracle and the people celebrated these little girls like they were saints. Through our idolatry, they were isolated from the very society they helped define. Five perfect little girls.
The sisters were born in 1934 during the Great Depression in the village of Corbeil, Ontario. Diminutive and frail, they were under the constant surveillance of nurses and the town doctor, Allan Roy Dafoe. They were the first quintuplets to survive birth and so quickly word spread of these five little darlings. The nation and the world were completely charmed. These peasant princesses represented a victory over death, a triumph of the Depression.
A cherished modern myth, along with its deplorable reality, was born.
Eventually the government of Ontario intervened and took over legal guardianship of the Dionnes. The parent’s were deemed unfit and Dr. Dafoe took charge of their wellbeing. They now belonged to the state, to the public.
Soon after, the castle of this myth, “Quintland”, was built. It was here, amidst constant surveillance and sterilized toys, that Cécile, Yvonne, Emilie, Marie and Annette spent their childhoods until the age of 9.
The girls became spokespeople for a great gamut of products and stared in several films.
Three times a day the public was invited to come watch the girls play past their fenced yard through a darkened mesh screen. The girls could not see them, but they heard the hushed voices. They knew they were there, but not why. Over three million visitors shuffled through Quintland.
Their disturbing story helped to define Franco-Ontarian culture yet it speaks of a broader reality still prevalent today. Female objectification is a theme that is inextricably linked to the Dionnes. They were fashioned into little idealized dolls and used to hock Palmolive soap. Their popularity waned as they grew older and it became clear they would not be great beauties. Five boys would never have been so revered. Five charming women would have been a dream. Arguably, this would still be the case today considering reality television and an ever-growing star culture.
The photographs are based on four pre-existing images of the girls during their childhood. Twenty-five life-sized self-portrait cardboard cutouts were created for each vaudevillian, theatrical and superficial scene. This esthetic points to their commodification and the eerie sterility of the settings. They are dressed the same. As always, they are robbed of any identity beyond that which has been prescribed for them, whether by nature or more specifically by the society that surrounds them.
Self-portraits were made in order to insinuate a contemporary relationship between their reality and mine. I take possession of my image by being its author and repossess that of the girls’ to speak for them.
Furthermore, the spectator is challenged by the juxtaposition of morbid and sexual elements, by scenes of innocence or jubilation cast in stagnant forms. We are not sure whether or not the girls, the cutouts, are real. Serious melts into the banal. The viewer becomes an unsolicited voyeur, much like the attendees of the Dionne’s daily visits. However, one of the girls is always seen looking out, silently questioning the observer.
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Leurs naissances étaient considérées comme un miracle et elles furent adorées comme des saintes. À l’écart de la société, elles sont devenues des icônes du peuple.
Les soeurs Dionne sont nées en 1934, lors de la Dépression, dans le village de Corbeil en Ontario. Elles étaient cinq… petites, identiques, comme des poupées en porcelaine et aussi délicates. Elles étaient constamment soignées par les infirmières et le Docteur du village, Allan Roy Dafoe.
Elles furent les premières quintuplées à survivre la naissance. Le public était intrigué, charmé et obsédé. Elles représentaient une victoire contre la mort, un triomphe séduisant pendant une crise économique catastrophique. Elles étaient devenues les princesses paysannes d’un fable moderne chéri. Par contre, une une réalité sournoise et tordue se cachait.
Pour les protéger de l’infection, leurs parents étaient défendus de les visiter. Seulement le docteur pouvait veiller à leur santé. Éventuellement, le Ministère de l’Ontario a révoqué leurs droits comme gardiens et a pris possession des filles. Elles appartenaient maintenant à l’État.
<<Quintland>>, leur maison, le château de ce mythe, fut ensuite construit. C’est ici où Cécile, Yvonne, Émilie, Marie et Annette ont passé leurs enfances, jusqu’à l’âge de 9 ans, sous surveillance constante.
Leur routine était minutieusement détaillée et leurs comportements étaient attentivement étudié. Leur mère: des infirmières en uniformes. Leur père: un docteur en veste blanche.
Le public était invité à visiter leurs souveraines inventées; de les regarder jouer derrière une clôture méchée et assombrie, trois fois par jour, dans une cours enfermée de l’extérieur.
Les filles ne voyaient pas ce public pieu qui les épiait, mais elles entendaient leurs voix. Elles savaient qu’ils étaient là, mais ne comprenaient pas pourquoi. Voilà un confessionnal sans pardon.
Plus de trois millions de personnes sont ainsi passé par cette clôture chez Quintland pour les regarder jouer.
Leur conte en est un qui perturbe la conscience et qui forme une partie importante de la culture franco ontarienne. Cependant, elle représente des aspects ou problèmes beaucoup plus étendus et encore très présents dans notre société.
L’objectification de l’individu, surtout de la femme, est un thème que j’explore depuis longtemps et qui est fortement lié aux Dionne. Elles étaient façonnées comme de petites poupées idéales. Ils se sont servis pour vendre toute une gamme de produits. Elles étaient constamment photographiées. Aucun moment fut privé.
Leurs vies, leurs personnalités, étaient une fantaisie collective. Elles étaient isolées parmi leurs millions d’admirateurs.
Les cinq oeuvres
Nous existons dans un monde obsédé avec les vies personnelles de nos vedettes. Un monde saturé par des blogs, par la télé <<réalité>>. La ferveur pour les Dionne est une maladie qui existe encore dans notre subconscient collectif. Il est peutêt inséparable. Je parie que si ces filles seraient nées aujourd’hui, l’ardeur du publique serait aussi enflammé (surtout si elles étaient belles!)
Le style esthétique de la série est théâtrale, tout pour accentuer leur caricaturation. Les filles sont des auto-portraits imprimés en <<poupées>> de papier de taille nature et physiquement insérées dans chaque mise en scène. Les photos ont ensuite été coloriées à la main pour créer un effet d’antan.
Je me suis basée sur de vieilles photos d’archives pour souligner l’absurdité du contexte. Je tente de déranger le spectateur avec la juxtaposition d’éléments coquettes et morbides. Le sérieux se verse dans le banal. Le spectateur devient voyeur.